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Rating: 14,5 / 20

Un nom à se faire vite oublier, un titre d'album neutre, une pochette anonyme: ce quatuor des environs de Würzburg ne s'est visiblement pas encombré de réunions marketing avant de partir au front. Difficile dans ces conditions de canaliser autre chose avant écoute que les potes et les paumés qui passaient par là s'en enquiller un petit dernier avant de se coucher... Heureusement que VS, en bon redresseur de torts, est là pour s'empresser de rétablir l'équilibre entre les rebuts surexposées et le fond de la nasse où papillonnent plus de groupes honorables que l'on pourrait en faire tenir dans une bibliothèque de salon Ikea. Apopkrypha, donc, ont du bon tabac dans leur tabatière, aussi peu importe qu'ils ne se soient pas (encore) donné les moyens d'en faire un à renforts de communication béton. L'album démarre tambour-battant, sans autre échauffement qu'une petite montée en selle low-tempo bien rassembleuse, transformée par un gros bigoudi de batterie pour faire gicler la purée. A partir de là, Apokrypha vont faire preuve d'une constance remarquable dans l'élaboration d'un thrash/black chauffé au rouge ponctué de coups de poignet speedés au second niveau qui effectuent sans perte de vitesse des transitions sans bavure d'une volée de blasts à une autre. Chaque morceau dispose de ses paliers de calme relatif disposés à intervalles stratégiques afin d'imposer un ton (le plus souvent funèbre et/ou épique – sans l'ombre d'un clavier, il faut le préciser) qui sera décliné par la suite à vitesse grand V dans le feu de l'action. On pourra alors reprocher à Apokrypha de ne pas trop chercher à s'excentrer d'un classicisme archi-visité dans leur façon de positionner les événements de leur musique. Il n'empêche, la recette a toujours marché et marchera encore dans des années, avec des moyens toujours plus au goût du jour, certes. A ce niveau là, il flotte justement sur “To the Seven” un vieux fumet de roussi que les frustrés des productions au bistouri trouveront forcément très à leur convenance. Le chant, par exemple, a un petit côté défraîchi que l'on retrouve de plus en plus rarement sur les productions actuelles, avec pour conséquence des difficultés passagères à s'imposer comme un réel leader de meute. De même, la batterie – et notamment la double – a été excessivement émasculée au moment du mix final, ce qui prive de temps à autres certains riffs rapides d'une assise aussi robuste qu'ils le mériteraient. Mais avec leur cachet technique (médaille pour le batteur) et les libertés prises avec bonheur lors du déploiement des antennes mélodiques perpendiculaires à l'inexorable fuite en avant de la cavalerie rythmique, Apokrypha ont toutes les chances de recevoir un accueil chaleureux ailleurs que chez ceux dont l'horloge métallique interne s'est fossilisée au milieu des nineties, lorsque le style représentait ce qui se faisait de plus inflexible en matière de metal extrême et mélodique. Ainsi, Apokrypha auront leur carte à jouer auprès des fans de choses plus “subtiles”, genre Edge of Sanity. Tandis que ceux qui courent après tout ce qui peut leur donner l'impression d'une horde barbue déferlant au grand galop sur la plaine sous les feux exaltées du soleil levant (au pif: Amon Amarth) sont également rendus à bonne enseigne. A très bonne enseigne, même!

05.11.2004 - Uriel